sequelles apres un burn out

Comment ça se passe quand on est entrepreneur et qu’on est sujet au burn-out ? Je peux seulement et simplement témoigner de ma propre expérience. Moi, Ka di F., 48 ans, entrepreneuse, burnoutée. Après les causes, passons aux effets…  PARTIE 2 : LES CONSÉQUENCES 

 

Vous avez envie de savoir comment on peut en arriver là ? Comment on en arrive à fermer sa boîte après 2 ans et demi d’existence  ? Au moment même où arrivent ce que l’on attend depuis sa création : les appels entrants , les propositions de partenariats et les demandes de clients pour de nouvelles missions ? Raison : burn-out. ET plus précisément 7 facteurs qui m’ont conduite au burn-out : A LIRE ICI.

 

 CONCRÈTEMENT… COMMENT ÇA SE PASSE ??  C’EST PARTI POUR LES 7 CONSÉQUENCES d’un burn-out !

sequelles apres un burn out
sequelles apres un burn out

Consequande du burn out  : JE SUIS UN LAPIN DANS LES PHARES

Souvenez-vous…  j’aime les challenges et les défis et ça tombe plutôt bien : monter sa boîte dans un domaine totalement nouveau est une source intarissable de challenges ! Mais point trop n’en faut ! Depuis la création de Mikado & Co, je suis toujours en zone de turbulences. Une zone très énergivore : il convient de puiser sans cesse dans ses ressources pour faire face à des contraintes très exigeantes de son environnement. Et j’en crame de l’énergie et des neurones  ! Je suis en situation de stress permanent et mon mode de réaction est celui « lapin dans les phares ».

Vous suivez Boîte Crânienne ? Alors vous connaissez FFF ? FFF comme
les 3 modes de réaction à un facteur de stress :

– FIGHT : vous êtes dans une dynamique de combat et vous réagissez de
manière agressive face au facteur de stress ou à l’agresseur. En l’espèce, vous seriez  donc du genre
à hurler contre votre interlocuteur pour décharger votre colère, voire à tenir des propos véhéments
et faire preuve d’une certaine violence (verbale ou… physique ??!). Vous pouvez même ne pas vous reconnaître
dans cet épisode de Hulk : normal, vous avez peur et vous luttez pour votre survie !
Vous êtes de la famille de 
Monsieur Hulk !

– FREEZE : vous êtes en mode « lapin-dans-les-phares », paralysé/e face à l’agresseur.
En l’espèce, vous n’arrivez plus à réfléchir : cette impression de neurones gelés vous prive de votre capacité
de poser des questions sur l’acte ou même de comprendre ce que l’on vous explique. Vous regardez
votre interlocuteur sans pouvoir répondre : vous êtes muré(e) dans une camisole de silence.
Vous êtes de la famille de Monsieur Rabbit.

– FLEE : vous vous dites que votre seule chance de vous en sortir, c’est la fuite ! En l’espèce, vous vous
entendez dire à votre interlocuteur : « Heu… on va remettre ça à plus tard… oh désolé/e, j’ai complètement
oublié, il faut que j’y aille.. un rendez-vous important que j’ai complètement oublié ! ». Si vous ne pouvez pas
vous enfuir physiquement et devez participer à cette conservation que vous ne voulez pas avoir, vous allez
vous échapper intérieurement et faire le vide dans votre tête. « M’en fous… je ne suis pas là ! ». Vous êtes absent(e)…
Vu de l’extérieur, on pourrait vous confondre avec Monsieur Rabbit : vous n’êtes plus dans l’échange et
avez coupé 
l’interaction. Le processus est cependant différent :
vous faites partie de la Famille des Anémones

en relation : facteurs du burn out

séquelles cognitives burn out

Moi, je n’ai plus de cerveau ! Au bout de 18 mois, j’accuse le coup de cette marche forcée et d’un mode de fonctionnement en flux tendu. Je n’arrive plus à réfléchir et à avoir des idées innovantes, originales et pertinentes. Je regarde les documents que j’ai écrits quelques mois plus tôt avec une espèce d’admiration étonnée : « Whaaa… mais comment ça claque ! Heu… c’est moi qui ai écrit ça ??? ». Peut-être connaissez-vous cette sensation ? Celle de se sentir incapable de mener à bien des tâches habituelles. Même les activités simples et faciles me semblaient insurmontables. Alors vous imaginez bien qu’imaginer un fil conducteur original ou un parti pris novateur… pfff… Forget about it!

 

Consequande du burn out 2 : J’AI TROP LA FATIGUE…

Je dépense beaucoup d’énergie pour honorer les missions. Le tout dans un état de sidération en mode « lapin dans les phares ». Quelle énergie dépensée… Alors RE-POS ! Le week-end, il faut dormir un peu plus, faire des ch’tites siestes, se changer les idées en faisant des activités sympas, voir ses amis pour se changer les idées…. Heu… d’accord… mais moi, j’ai trop la fatigue ! Et même si je dors, si je prends un vrai week-end, si je fais un mini-break… je suis toujours aussi fatiguée ! Je n’arrête pas de penser et de répéter « Je me coucherais par terre, là, maintenant, tout de suite ! »

Happy Brainy, pour ne pas confondre « épuisement » et « burn-out », je t’invite à visionner la vidéo explicative de Sandra Boré : avec des oeufs, un pile et un sens pédagogique simplisme, Sandra va t’éclairer sur la différence :

 

Consequande du burn out 3 : J’AI LA TRISTESSE…

Schématiquement, un Hulk sera sujet à la colère, une Anémone à la peur et un Lapin dans les phares… à la tristesse !

Tout me saoule, tout me fatigue et plus rien ne me fait kiffer ! Je suis fatiguée et triste. J’ai la tristesse… et parfois la larme facile (ceux et celles qui me connaissent savent que ça ne me ressemble pas pourtant… dites donc… mais ça ne serait pas un signe, ça ?? Un signe de quoi ? Je ne sais pas. Mais un signe que « ça ne va pas du tout ! »).

« Heu… t’es sûre que t’as fait une dépression ? » On a tendance à confondre « dépression » et « burn-out ». Et c’est bien normal ! Ce sont des cousins proches. Sans entrer dans une analyse différentielle, disons que « burn-out » rime avec « travail ». Travail au sens général du terme : le travail d’un salarié ou d’un entrepreneur en tant qu’actif, le travail d’un étudiant en tant qu’étudiant, le travail d’une mère en tant que mère. Selon le Dr Dominique Servant, psychiatre et psychothérapeute : « Pour le burn-out, il y a un lien avec le travail. La dépression, elle, survient parfois sans aucune cause ou avec d’autres facteurs, d’autres événements de vie. Mais le burn-out peut mener à des états dépressifs. » Catherine Vasey, psychologue et auteure de « Burn-out : le détecter et le prévenir » précise : « C’est une usure à petit feu qui trouve sa source dans le cadre professionnel. »

« Un burn-out non pris en charge, qui s’installe dans la durée, peut évoluer vers un « état dépressif ». Notamment parce que le cortisol accumulé va détourner une partie des précurseurs des neurotransmetteurs du bien-être, entraînant des symptômes dépressifs, mais aussi parce que le burn-out en entamant profondément l’estime de soi et les différents domaines de vie peut effectivement déboucher sur une dépression. », extrait d’un article de Sandra Boré sur la mécanique du burn-out à l’occasion d’un documentaire du même nom diffusé en février 2018 sur France 5 : L’ARTICLE.

En attendant un article de Sandra Boré consacré à cette différence (Oui, Sandra, ceci est un appel, une demande, une requête !) , je vous propose de lire les 7 différences proposées par Samuel Dock, psychologue clinicien

 

CONSÉQUENCE 4 : J’AI LE CORPS QUI LÂCHE !

épuisement professionnel
épuisement professionnel

Je connais des personnes qui, un matin, n’ont pas réussi à se lever de leur lit. D’autres dont le coeur ou le cerveau a lâché. Comme ça. Sans prévenir. Un burn-out, c’est violent. Notamment pour le corps. Et selon moi, d’autant plus si on des ressources mentales importantes.

Je m’explique : quand on en a sous le pied, on peut charger la mule et on ne bougera pas une oreille ! Cette dynamique est pernicieuse : plus nos ressources sont importantes et plus loin sont nos limites, plus la période d’oxydation de notre pile interne va se prolonger. Et vous comprendrez aisément que les effets sont d’autant plus délétères que la durée de résistance à un environnement toxique est longue.

Et puis un jour… c’est le corps qui lâche ! J’ai eu beaucoup de chance : je ne sais pas si on peut dire qu’il y a des petits et des gros burn-out mais je sais j’ai eu de la chance que les manifestations du burn-out que je vivais n’ont pas été dévastatrices et d’une extrême violence. Il y a eu 2 épisodes qui m’ont alertés : un total black-out (ou le bon malaise vagal des familles comme Serrault qui tombait la tête dans ses rognons pour « Le bonheur est dans le pré ») au bon milieu d’un parterre d’un millier de collègues de mon compagnon (je vous fais grâce du récit épique de cet épisode…) et un dysfonctionnement persistant et inexpliqué (on ne va pas entrer dans les détails ! Retenez qu’il y a « un truc qui cloche pendant des mois »). Deux signes qui disent quelque chose de la situation de burn-out et du processus à l’oeuvre : une conséquence durable et insidieuse ET un pic d’alerte. Deux manières de mettre en « maux » ce qui se passe pour beaucoup de personnes victimes de burn-out : une lame de fond insidieuse et sourde ET un tsunami violent et inattendu.

 

CONSÉQUENCE  5 : JE SUIS AVEUGLE AU DANGER

Je suis de celles qui savent poser leurs limites, dire non et que personne ne maltraite (Pour dire non et poser mes limites, j’ai appris ! Je suis une ancienne poupée-qui-dit-oui !). Personne ne s’essuie les pieds sur moi. Personne ! Et bien… dans cette période de machine à laver psychologique et physiologique… comment dire… j’ai perdu mes réflexes. Mes réflexes de protection, de préservation et de respect de MOI-MÊME.

J’ai travaillé pour des personnes certes brillantes mais à la compagnie délétère. Des personnes que j’admire professionnellement (encore aujourd’hui par honnêteté et objectivité intellectuelles) mais dont je dirais (et toujours aujourd’hui !) : « Humainement, c’est une merde » (Si je fais preuve de bienveillance, je pourras dire que c’est la relation avec cette personne qui était néfaste. Pas la personne en elle-même.)  Je me suis retrouvée dans des situations qui, aujourd’hui, me semblent ubuesques : aujourd’hui, et avant cette période, je n’en aurais pas accepté le quart. Je me souviens particulièrement d’un évènement au cours duquel je justifiais intérieurement mon comportement en me disant : » Tu penses au client final. Tu es orientée client à mort et tu lui donnes la priorité. » Ben voyons….

Poor me… dans tous les sens du terme ! En repensant à cette période, je me plains, suis désolée pour moi-même et ressens même de la peine pour celle que j’étais et ce que j’endurais. Et en même temps, je suis affligée et presqu’amusée au sens « pauvre fille » du terme. Il n’y a pas de jugement ou de moquerie dans ce regard froid porté sur ce « moi » de l’époque ! Il y a de la sidération et de l’incompréhension : « Mais comment ai-je pu en arriver là ? »

Cette dimension relationnelle toxique était pour moi une conséquence du burn-out qui grandissait ET UN FACTEUR ADDITIONNEL  à ce burn-out. La dimension relationnelle est en effet un facteur principal ou aggravant du burn-out entrainant épuisement mental, perte de repères, dévalorisation et dé-estime de soi.

 

CONSÉQUENCE 6 : JE PERDS LE SENS

Le sens dans tous les sens du terme : la signification de cette petite entreprise et la direction que je souhaitais lui donner. Cette perte de repère a fait de moi une « Working dead » (#SanBo). Un fonctionnement automatique s’enclenche : quand faut y aller, faut y aller ! En rendez-vous, en formation, en rendez-vous… Je ne repose même plus la question de savoir si ça me plait, si ça a un intérêt pour moi, si….

Je perds alors les 2 repères qui sont les plus importants pour moi LE CADRE et L’OBJECTIF.  Ces 2 mots sont si importants pour moi que je pourrais me les faire tatouer ! Et celles et ceux que j’ai accompagnés savent de moi combien ces 2 repères sont essentiels pour moi (Heu.. Je vous entends ! Qui a dit que j’ai tendance à bassiner tout le monde avec ces 2 mots ??)

La vie devient alors un cercle vicieux  : plus je travaille et me consacre à ma boîte, plus je suis épuisée et consume mes capacités cognitives. Et moins j’ai de ressources cognitives, plus je travaille pour rattraper le temps, éponger le retard, relever le niveau. Plus je travaille, moins j’ai de plaisir. Et moins je kiffe, plus je suis triste. Et ça n’en finit pas…

 

CONSÉQUENCE 7 : JE VOMIS MA BOÎTE

De plus en plus, penser à mon métier me donnait la nausée. « Formations », « coaching », « accompagnement thérapeutique », « clients », « patients », « projets »… je vous hais. Mikado & Co, je te VO-MIS ! (Celles et ceux qui me connaissent ne manqueront pas de noter la violence de mes propos… moi, l’émétophobe !)

Et un jour… en revenant d’un voyage à l’autre bout du monde et une frayeur médicale (se révélant être sans gravité), j’ai dit : BASTA ! Je ferme ma boîte en octobre 2013. A ce moment charnière que j’attendais depuis le début ; celui où je récoltais ENFIN les fruits des graines que j’avais semées depuis 18 mois.

Incompréhension de mes proches : « Quoi ?? Mais pas maintenant ! Tu as fait le plus dur ! Et toutes ces bonnes nouvelles que tu reçois ». C’est vrai… OUI…  MAIS NON ! Je n’ai plus envie. Ce n’est pas une idée ou un argument. C’est une émotion et un sentiment. Et c’est sans appel ! (Comme pour quitter quelqu’un : il n’y a rien à répondre à « je n’ai plus envie ». Pas de « je vais faire un effort », je serai plus », « je serai moins »… c’est sans appel. BASTA !).

C’était la bonne solution ? Je ne sais pas. Je sais seulement que ça m’a permis de mettre un terme à cette spirale nuisible et insidieuse. J’ai eu de la chance : je ne suis ainsi sauvé la peau ! Je n’ai pas touché le fond. Parce que le fond, ça se paie très cher en burn-out. Sur le moment et sur le long terme. Je m’en suis plutôt bien sortie. Parce que ça aurait pu être bien pire. Fermer ma boite m’a permis d’arrêter les frais : les frais physiques, mentaux et émotionnels. Peut-être aurais-je pu faire autrement : faire un break, lever le pied, changer mes habitudes… Peut-être… A ce moment-là, une seule issue me paraissait possible et juste : FERMER MA BOÎTE.

J’ai récupéré quelques mois d’allocations-chômage puis j’ai vécu pendant un an avec mon PEL que j’ai vidé. C’est ça aussi la réalité du burn-out des entrepreneurs/euses : si on s’arrête de bosser, on vit comment ?? Et avec quoi ??

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